À La Rochelle, l’installation d’un mannequin aux formes généreuses dans une enseigne de sport a profondément marqué une de nos lectrices, qui y a vu un symbole rare de reconnaissance.
Un mannequin qui bouscule les codes
C’est au Décathlon de Puilboreau – La Rochelle , qu’un simple mannequin a changé le regard d’Aurélie sur son propre corps. « J’ai senti une vague de chaleur, je me suis sentie à ma place », explique-t-elle, encore émue. Ce mannequin, aux formes généreuses, tranchait avec les standards habituels. Il était là, bien en évidence, au milieu du rayon maillots de bain. Une image rare, qui lui a donné l’impression d’exister en tant que « femme avec des formes».
D’après ce qu’Aurélie a appris en discutant avec l’une des vendeuses, l’initiative n’a pas fait l’unanimité en interne : il aurait fallu, selon elle « jouer des coudes pour l’installer ». Une résistance marquée, principalement masculine, révélatrice des freins persistants à une représentation plus réaliste des corps dans l’espace commercial.
« À fond les formes », mais pas sans efforts… Ce mannequin n’est pas arrivé là par hasard, et son installation reste un acte engagé.
Un pas vers la diversité, entre image rassurante et réalité commerciale
Bien que touchée, Aurélie s’est vite heurtée à la réalité : sa taille n’est pas disponible. Elle doit commander en ligne, puis revenir échanger le produit. Malgré tout, elle repart avec un maillot qui lui convient, bien pensé, coloré, confortable. « Il est conçu pour les femmes comme moi. Il était temps. »
Ce parcours l’amène à remettre en question la norme imposée par la mode : « J’ai longtemps fait du 36. Me résoudre à passer au une pièce, puis au tankini, c’était dur. » Pour elle, ce changement vestimentaire vient également d’une pression sociale : l’idée que certains corps n’ont plus leur place dans certaines tenues, passés un certain âge ou une certaine silhouette.
Des corps visibles aussi dans l’espace public
Les représentations de femmes aux formes généreuses commencent aussi à s’imposer hors des magasins.
À Châtelaillon-Plage, deux sculptures monumentales accueillent les visiteurs à l’entrée du casino. Signées par le sculpteur niortais Franck Ayroles, ces œuvres colorées intitulées Les Baigneuses de Châtelaillon rendent hommage à la diversité des corps féminins. Inspiré par son enfance sur la côte atlantique, l’artiste revendique une démarche engagée : « Je lutte contre les barrières, les divisions, le racisme. Ces Dames sont un témoignage qu’on peut vivre ensemble, quelles que soient nos différences. »
À l’image du mannequin croisé par Aurélie dans un rayon de sport, ces sculptures participent d’un même mouvement : rendre visibles des corps longtemps ignorés, et rappeler qu’ils ont toute leur place dans nos regards et dans notre société.
Un pas, pas encore une norme
Bien que l’installation de ce mannequin soit un pas dans la bonne direction, reste à savoir si cela se traduira par un changement durable dans les pratiques commerciales.
Pour Aurélie, l’inclusion et la diversité corporelle ne sont pas seulement des tendances, mais des nécessités. « Les femmes qui font du 44-46 sont là, mais invisibilisées », rappelle -t- elle, appelant à une normalisation de toutes les morphologies dans le commerce.
Pour cette cliente, le chemin reste long. « Cela fait 25 ans qu’on parle d’accepter tous les corps. Et pourtant, sur les podiums ou dans les vitrines, ce sont encore des squelettes. »
Si ce mannequin a marqué son passage en magasin, Aurélie espère surtout qu’il ne restera pas une exception. Que demain, chaque femme puisse se sentir représentée, sans étonnement, sans émotion particulière. Simplement à sa place
«Il est temps que les magasins suivent le mouvement et adaptent leur offre pour refléter la diversité de leurs clients.»
Pour en savoir plus sur le témoignage d’Aurélie : cliquer ICI
Nous avons contacté au début du mois de juin, le service communication de Décathlon pour évoquer cette initiative. Réponse de l’enseigne le 11 juin : « Au vu des délais, nous ne serons pas en mesure de vous répondre malheureusement ».
