Ouvert l’an dernier, le skate park indoor est situé près de l’espace Encan à La Rochelle et tenu par l’association 3’6 Trip. Chaque mercredi soir des sessions skate girls sont organisées afin de favoriser la pratique du skate féminin largement dominée par les hommes.

Casque, coudières et genouillères, Anne-Sophie et Stéphanie sont prêtes à s’élancer sur les rampes du skate park. Ce soir c’est mercredi et comme tous les mercredis, les femmes et les filles ont le champ libre de 18h30 à 20h30. Alors, elles n’en perdent pas une miette et aussitôt équipées, elles travaillent leur technique.

Progresser sereinement

“J’ai découvert le surf skate. Dans les autres sports que je pratique je partage mes sessions avec des hommes, mais là cette session juste pour les femmes c’est surtout pour la sécurité”, lance Anne-Sophie, 45 ans, venue de l’île de Ré.
“Je n’ai pas le niveau. Ce n’est pas mon domaine les sports de glisse alors quand il y a du monde et notamment des garçons qui sont plus forts, je n’ai pas envie de les déranger”, complète son amie Stéphanie, 42 ans. 

C’est justement pour leur offrir un cadre dans lequel elles peuvent progresser sereinement, que l’idée de ces sessions a vu le jour.  “Je me sens mieux avec les filles car les garçons sont nombreux et prennent toute la place”, lâche Maya, 14 ans, qui se rend à la session filles depuis plusieurs mois.

Chaque mercredi soir des sessions skate girls en intérieur sont organisées à La Rochelle afin de favoriser la pratique du skate fémininPhoto La Rochelle info – Julia TOURNEUR

Peu de femmes dans le skate

Créée en 2007, l’association 3’6 Trip a pris ses quartiers il y a déjà un an sous les halles de l’espace Encan, à l’endroit des anciens studios de cinéma.

L’initiative des sessions réservées aux filles n’est donc pas neuve mais elles ont désormais lieu dans un espace clos. Ainsi, les pratiquantes peuvent s’adonner à leur activité quelles que soient les conditions météorologiques, donc de manière beaucoup moins contraignante.
“On s’était rendus compte qu’il y avait peu de filles sur les skate », décrit Baptiste Gaboriau, le responsable du skate park. « Sur 444 adhérents à l’association, seules 74 sont des femmes ». 

Photo La Rochelle info – Julia TOURNEUR

Une appropriation difficile

Effectivement, en tant que femme ou fille, s’approprier un skate park, surtout lorsqu’il est dans l’espace public, n’est pas une mince affaire. C’est d’ailleurs le constat établi par Sophie Berthollet, co-fondatrice de l’association Realaxe, basée à Paris.
“En 2014 je reprenais le skate et il y avait peu de filles. L’objectif était donc se retrouver pour être plus fortes. Quand on débute et que l’on est en minorité ce n’est pas facile. On ne sent pas légitime”, indique celle qui a lancé les RGS pour Realaxe Girls Sessions les premiers dimanches du mois. Et cela fait 10 ans que ça dure.
“Le chemin est encore long mais je suis ravie de voir des initiatives qui éclosent un peu partout en France comme à La Rochelle et plus récemment à Lyon, Montpellier, Cherbourg.”

A La Rochelle, toutes les générations se côtoient autour d’une passion commune : la glisse.

A six ans, Olivia a trouvé son élément. “Depuis un an elle réclame de faire du skate alors elle en a eu un pour Noël et nous fréquentions les skates park du quartier de Port-neuf et de Périgny. J’ai entendu parler de l’association », témoigne Roxane, sa maman qui l’attend derrière la vitre transparente du vestiaire. « C’était important à cet âge là car il y a un vrai besoin de s’identifier. En étant avec d’autres filles, elle n’a pas l’image d’une activité genrée. Si elle n’avait été été qu’avec des garçons elle aurait abandonné je pense.”

“Leur moment à elles”

Photo La Rochelle info – Julia TOURNEUR

Pour l’heure, elles ne sont qu’une dizaine environ par sessions. Certaines sont accompagnées par leur copain qui les épaulent et leur distillent de précieux conseils.
“On les laisse aussi évoluer entre elles. Elles s’entraident beaucoup et construisent entre leur session. C’est vraiment leur moment et on essaye de ne pas le rompre”, termine Baptiste Gaboriau qui espère que les filles ne vont plus s’auto-censurer pour se lancer dans le skate board.