Depuis novembre 2022, Charline Guillaud est la gérante du Jus de Chaussette, à Aytré. Un café laverie qui a su séduire par son concept et l’énergie que cette entrepreneuse y déploie.

Quel lien entre le conseil en protection sociale et le grand bain entrepreneurial ? Rien, si ce n’est la fibre commerciale.

C’est lors d’un voyage en Belgique en septembre 2020 que Charline Guillaud découvre le concept de café-laverie. L’idée germe alors dans la tête de la trentenaire. Elle réalise une étude de marché et comprend vite qu’il existe un besoin réel sur le territoire rochelais. “Je n’imaginais d’ailleurs pas qu’il puisse y avoir autant de besoins différents », assure-t-elle, tout en servant un café latte. « Propriétaires de Airbnb, esthéticiennes, traiteurs, équipes sportives, friperie, tous ces gens ont besoin d’un service de laverie.”

Charline Guillaud
Aytré. Charline Guillaud créatrice et gérante du café-laverie Le Jus de Chaussette. Photo Amanda BRONSCHEER

Elle établit donc un plan d’action, investit plus de 20 000 € de deniers personnels et se lance dans ce projet qui a coûté environ 100 000€. C’est aux côtés de Marine Blanalt qu’elle débute l’aventure, mais depuis quelques mois maintenant Charline est aux commandes, seule, enfin presque.

Un café où l’on reste

Au cœur de la zone d’activités de Belle-Air, le Jus de chaussette est le repaire de ceux et celles qui ont du linge à laver, mais pas seulement.

La décoration moderne et colorée a fait de ce lieu un endroit sympathique où les coworkers et les coworkeuses y ont trouvé satisfaction. “Ca été une vraie surprise d’attirer autant de coworkers. Je ne suis pas un café de passage, je suis un café où l’on reste”, se félicite Charline qui a vraiment su fédérer sa clientèle. Car son établissement, elle le fait vivre, ce qui explique sa notoriété croissante.

l'artiste Super Bourdi a participé à la décoration du café laverie Le Jus de Chausette
Chez le Jus de chaussette, café-laverie à Aytré (Charente-Maritime).Photo Amanda BRONSCHEER

Tout au long de l’année, Charline organise des ateliers pour les parents, les enfants et même parfois pour les deux en même temps. Le Jus de Chaussette c’est aussi un endroit où se réunissent des réseaux de professionnels comme Wonder entrepreneuses, les célèbres Apéro Filles des Rochelaises Connectées ou encore le club d’entreprises d’Aytré. On y passe du bon temps, on y travaille, on réseaute, on se retrouve, on mange et on lave son linge. “De septembre à mars c’était vraiment 50/50 entre l’activité laverie et l’activité café. Ce dernier progresse en termes de chiffres d’affaires depuis septembre 2023. Après à partir du mois d’avril et le début de la saison touristique, la laverie sera à 70%”, décrit la gérante. 

Une success story

Ce succès est le fruit d’un travail et d’un engagement sans relâche de sa part. Pour gérer son business, elle ne compte pas ses heures, d’autant que depuis novembre 2023, elle ne jouit plus de ses allocations chômage, celles-ci lui avaient permis de lancer son affaire. Un filet de sécurité en moins.

devanture café laverie Le Jus de Chaussette à Aytré
Le Jus de Chaussettes . Photo Amanda Bronscheer

Mais Charline est tenace, pas du genre à vaciller. Au contraire, elle retrousse ses manches et s’entoure en septembre dernier de sa pétillante alternante, Manon. Un duo de choc qui fait tourner les machines à laver et la partie café. Un peu plus d’un an après l’ouverture, Charline peut d’ores-et déjà dresser un bilan et établir des projections. “En 2024 on va observer une progression de 20%. L’activité se développe c’est rassurant et je commence à me rémunérer”, évoque celle qui aujourd’hui ne regrette rien, surtout pas le prix de sa nouvelle liberté.


La Rochelle info : Qu’est-ce que vous évoque le sujet de la discrimination au travail ?

Charline Guillaud :  » La discrimination au travail m’évoque le rejet. En position de faiblesse constante, cela peut créer un profond repli sur soi-même et bloquer son épanouissement professionnel. Naturellement cela conduirait à moins de réussite puisque dans un environnement nocif et malsain, la personne discriminée aurait tendance à se refermer et ne plus être suffisamment en confiance pour faire valoir ses compétences. A la place du discriminant, j’imagine une étroitesse d’esprit exacerbée et le besoin d’être en position de supériorité constante. « 

LRI : De la même manière qu’est-ce que le harcèlement au travail vous évoque ?

CG : « Une charge mentale exacerbée et le sentiment d’oppression sont, selon moi, les deux paramètres qui expriment le harcèlement. Cela causerait de l’anxiété et le sentiment de n’être jamais à la hauteur. Comme pour la discrimination, il est très difficile de se construire dans ce type de climat qui met en péril la confiance en soi et l’épanouissement professionnel. Naturellement, cela conduit à des troubles qui se répercutent sur la vie privée. « 

LRI : Selon vous, qu’apporte la journée internationale des droits des femmes ?

CG : « Cette journée permet de rappeler le chemin parcouru depuis des années pour l’émancipation des femmes et de rendre hommage à ces pionnières. Qu’elles soient reconnues en tant qu’être humain égal à l’homme, avec leur liberté de penser et d’agir. Dans ce monde où trop d’inégalités règnent encore, dans des pays où les mœurs sont encore très archaïques, les choses doivent encore évoluer. L’inscription de l’IVG dans la Constitution française est une belle avancée selon moi. « 

LRI : Quel conseil ou leçon avez-vous appris et qui est devenu une ligne de conduite aujourd’hui ?

CG :  » Petit à petit j’apprends à me faire confiance, à savoir dire non pour me respecter. Je me concentre sur le positif pour avancer car même dans les moments difficiles, il y a toujours de jolies choses qui arrivent. Malheureusement elles sont trop vite assombries par le négatif ambiant. Alors dans ces moments-là, j’apprends à faire le point et à accorder plus d’importance au positif qu’au négatif. «