En 2025, le financement des bilans de compétences en France connaît des évolutions majeures. Le Compte Personnel de Formation (CPF) reste pour l’instant le principal moyen de financement, mais des changements importants se profilent.

Alors que les discussions parlementaires annoncent des modifications dès 2026, nous avons interrogé Jamila Harizi, fondatrice de Dirigens, cabinet de conseil en management et ressources humaines à La Rochelle.

Jamila Harizi, fondatrice du cabinet Dirigens à La Rochelle.
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“S’adapter, c’est notre quotidien”

La Rochelle info : On parle d’une possible évolution des conditions de financement du CPF. Comment votre expérience terrain vous permet-elle d’anticiper ces changements et d’accompagner vos clients au mieux dans leurs démarches de formation et de bilan de compétences ?

Jamila Harizi, fondatrice Dirigens :

“Si la réforme se confirme, nous nous adapterons, comme nous l’avons toujours fait. L’essentiel pour moi, c’est que mes clients puissent continuer à avancer dans leurs projets. Nous trouverons ensemble les solutions les plus justes et les plus réalistes. On me décrit souvent comme une guerrière, et je le prends comme un compliment. Je ne lâche rien pour mes clients : quel que soit le contexte, je me bats pour qu’ils trouvent leur voie et qu’ils puissent concrétiser leurs projets”

LRi : Le bilan de compétences est souvent perçu comme une simple formalité financée par le CPF. En réalité, quel est le vrai coût d’un accompagnement complet, et que couvre-t-il concrètement ?

Jamila Harizi :

“Je remarque souvent que le bilan de compétences est perçu comme une simple formalité, notamment parce qu’il est financé par le CPF. En réalité, c’est un accompagnement complet, exigeant et profondément humain.
Un bilan, c’est en moyenne entre 18 et 24 heures de travail, avec une vraie dimension personnalisée : des entretiens, des tests, des analyses, mais surtout une réflexion guidée sur le parcours, les motivations et les aspirations de la personne.
Dans ma pratique, je prends le temps de comprendre chaque situation, d’adapter les outils et d’accompagner le bénéficiaire pas à pas. Ce n’est pas une démarche standardisée, c’est un espace de confiance et de transformation.
Le “coût réel” d’un bilan, c’est celui du temps, de l’écoute et de l’expertise que j’y consacre. Mais la valeur qu’il apporte — la clarté, la confiance et la mise en mouvement — est, à mes yeux, inestimable.”

LRi : Si la suppression du financement CPF se confirme en 2026, quelles sont les solutions de financement que vous conseillez aujourd’hui à vos clients ?

Jamila Harizi :

“Mon rôle, c’est d’aider mes clients à identifier les solutions de financement les plus adaptées à leur situation, car il existe bien d’autres options que le CPF. France Travail, les OPCO, certaines régions ou encore les employeurs peuvent participer au financement selon le profil et le projet.
Lors du premier rendez-vous, qui est toujours gratuit, confidentiel et sans engagement, je prends le temps d’échanger avec la personne pour trouver ensemble la solution la plus juste pour elle.”

LRi : Vous conseillez vivement de finaliser les dossiers CPF avant la fin de l’année. Pour quelles raisons est-il important d’agir dès maintenant ?

Jamila Harizi :

“Oui, je conseille vraiment de ne pas attendre. Le gouvernement a annoncé une possible évolution du CPF à partir de 2026, mais sans préciser encore les nouvelles conditions. Cela crée une part d’incertitude, et c’est pourquoi 2025 est le bon moment pour lancer sa démarche. En agissant dès maintenant, on bénéficie encore du cadre actuel, plus clair et plus accessible. C’est aussi une manière de ne pas subir les changements, mais de garder la main sur son projet professionnel.

Un bilan de compétences demande du temps et de la réflexion, il ne se décide pas à la dernière minute. Commencer en 2025, c’est se donner la possibilité d’avancer sereinement, avant que les éventuelles réformes ne viennent modifier les règles du jeu.
Le premier rendez-vous est gratuit et sans engagement — c’est le bon moment pour venir en parler.”

LRi :  Chez Dirigens, le bilan de compétences s’inscrit dans une offre plus large (accompagnement stratégique, recrutement, reconversion, entrepreneuriat). Comment cette approche globale renforce-t-elle l’efficacité du bilan ?

Jamila Harizi :

” Mon cabinet est un cabinet RH généraliste, ce qui me permet d’avoir une vision globale des parcours professionnels. En plus des bilans de compétences, je fais du recrutement et j’anime un réseau actif en tant que présidente de club, ce qui me donne accès à de nombreuses opportunités et contacts.
Pour ceux qui recherchent un nouveau poste, cela peut ouvrir des portes concrètes. L’issue d’un bilan ne se limite toutefois pas à l’emploi : certains choisissent de se reconvertir, de créer leur entreprise ou simplement de redonner du sens à leur carrière.
Mon rôle, c’est d’accompagner chacun selon son projet, avec une approche complète qui relie réflexion, action et réseau.”

Un dispositif encore accessible

Le bilan de compétences reste aujourd’hui un levier clé pour faire le point sur son parcours, identifier ses forces et préparer une nouvelle étape professionnelle. Mais son financement par le Compte Personnel de Formation (CPF) est menacé. Le projet de loi de finances 2026 prévoit en effet de retirer le bilan de compétences des dispositifs finançables via le CPF, au profit des seules formations certifiantes.

En 2025, le bilan de compétences reste finançable avec le CPF. Depuis 2024, une participation forfaitaire de 102,23 € , indexée sur l’inflation est demandée à chaque usager.

Les demandes passent par la plateforme Mon Compte Formation et doivent être faites auprès d’organismes certifiés Qualiopi. Une mesure destinée à mieux encadrer le dispositif et à éviter les fraudes.

A cela il était aussi possible de combiner plusieurs aides : celles de l’employeur, de France Travail, d’un OPCO ou encore de certaines régions.

Une réforme en préparation : ce qui pourrait changer en 2026

Un projet de loi de finances*, qui doit être soumis au vote autour du 17 novembre 2025, prévoit de recentrer le CPF sur les formations qualifiantes.

Les bilans de compétences pourraient ne plus être financés par le CPF à partir de 2026.

* Les lois doivent être promulguées avant le 31 décembre 2025 pour pouvoir entrer en vigueur le 1er janvier et respecter les délais imposés par la Constitution.

À retenir

  • À partir de 2026, le vote parlementaire pourrait exclure les bilans de compétences du dispositif CPF.
  • Le bilan de compétences reste finançable par le CPF en 2025, avec reste à charge obligatoire et recours à des organismes certifiés.
  • Réaliser son bilan en 2025 permet encore de bénéficier du cadre actuel, plus clair et plus accessible.

Pour toute démarche, il est recommandé de vérifier la situation après le vote parlementaire de novembre ou décembre 2025.