La Coursive propose dans l’année trois « Avis de Temps-fête », réunissant des spectacles autour d’une même discipline artistique ou d’une thématique.
Place au Portugal en ce mois de mars. Après « Grande scène et petit écran », cet « avis de temps-fête ! » est dédié au grand dynamisme de la création portugaise à travers trois spectacles de musique, de danse et de théâtre et la projection d’un film.
Au programme
Mardi 1er mars, à 20 h 30 : Antonio Zambujo Quartet.
Au Portugal, António Zambujo est une star. De celles qui ne peuvent faire quelques pas dans les rues pavées de Lisbonne sans être immédiatement reconnues. Il conjugue avec bonheur chanson traditionnelle portugaise, rythmes jazz et bossa-nova au détour de chacune de ses chansons. En digne héritier d’Amalià Rodrigues, guitare en bandoulière et émotions à fleur de peau, le prince du fado revisité sera sur la scène de La Coursive accompagné d’un trio.
Son histoire débute à Beja, petite ville nichée dans les collines sèches de la région de l’Alentejo, où il entreprend l’étude de la clarinette. Marqué par le cante alentejano, le chant polyphonique traditionnel, il manifeste aussi très tôt un goût pour le fado, la guitare et part s’installer à Lisbonne. Il y devient très vite l’un des artistes attitrés du Clube de Fado, célèbre maison du quartier de l’Alfama. En 2007, António Zambujo publie l’album Outro sentido chez Harmonia Mundi et son audience devient internationale. Au Brésil, où il est en tournée en 2009, sa sensualité et sa formidable décontraction rythmique tapent dans l’oreille de l’immense Caetano Veloso, qui le compare au créateur de la bossa-nova, Joao Gilberto.
Avec son contrebassiste et arrangeur Ricardo Cruz, il dessine un son raffiné, pèse chaque vers et le colore de façon unique, au filtre d’une voix qui transcende les frontières du chant traditionnel portugais et de la saudade. Cette voix à la beauté singulière réunit en elle le masculin et le féminin. Elle miroite de nuances ambrées et n’hésite pas à voyager vers le jazz, la bossa-nova ou même le blues américain.
Avec son huitième album Do avesso (« A l’envers »), il explore de nouveaux horizons musicaux et mélodiques, qui résonnent telle la bande son d’un Lisbonne jeune et populaire, joyeusement tourné vers le futur mais fier de ses racines. Il sera accompagné sur scène de trois musiciens (piano, contrebasse et guitare portugaise) pour un concert intimiste, réinventant tout simplement le fado avec un naturel éblouissant.
Du cinéma aussi
Mardi 29 mars à 18 heures, journal de Tuoa avec Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes (Cinéma)
Tarif unique 4 euros ; salle bleue. Le pardi 29 mars, la projection sera suivie d’une discussion sur le film.
De la danse fin mars
Jeudi 31 mars à 19 h 30 et vendredi 1er avril à 20 h 30 : Brother de Marco Da Silva Ferreira, spectacle de danse, au Théâtre de la Verdière.
Avec Brother, Marco Da Silva Ferreira nous propulse au cœur d’une chorégraphie de haute intensité. L’étoile montante de la scène chorégraphique portugaise et ses sept danseurs imposent le rythme. À partir de liens fraternels tissés entre les danses urbaines du monde entier (dancehall jamaïcain, kuduro angolais, pantsula sud-africain et voguing américain), mais aussi avec la danse classique et les fêtes technos, le jeune chorégraphe développe une danse d’une folle intensité.
Marco Da Silva Ferreira a tout d’abord travaillé comme interprète dès 2004 pour André Mesquita, Hofesh Shechter, Tiago Guedes ou Paulo Ribeiro. En 2014, sa première chorégraphie le distingue « Meilleur jeune artiste portugais » et le projette sur la scène internationale. En 2017, il crée Brother au Teatro Sao Luiz de Lisbonne, dont le succès ne se dément pas depuis.
« Sa chorégraphie singulière est aussi survitaminée. Ses interprètes y développent un processus collectif d’imitations, de reprises et de citations des mouvements des uns et des autres, donnant à leur danse des accents de transe tribale. » Véritable condensé d’humanité, la pièce interroge l’universalité des gestes, les ressemblances et dissonances entre les corps, pour esquisser une réflexion captivante sur l’héritage, la mémoire, mais aussi la transmission d’une génération à l’autre, d’une culture à l’autre. Une pièce puissante, électrisante et hypnotisante.
Dans la mesure de l’impossible
Mercredi 12 avril, 19 h 30, mercredi 13 avril, 20 h 30, jeudi 14 avril : Dans la mesure de l’impossible. Texte et mise en scène Tiago Rodrigues. Traduction Thomas Resendes. Scénographie Laurent Junod. Au théâtre Verdière de La Coursive. Spectacle multilingue surtitré en français et en anglais.
Tiago Rodrigues, directeur du Théâtre national de Lisbonne et fer de lance d’une nouvelle génération de metteurs en scène européens, écrit et met en scène un ambitieux projet de théâtre du réel : raconter, à partir des témoignages de délégués internationaux de la Croix-Rouge, l’engagement humanitaire et ses conséquences intimes sur celles et ceux qui ont choisi de sauver le monde. La notoriété internationale du metteur en scène portugais Tiago Rodrigues n’est plus à faire. Il est, depuis 2014, directeur du Teatro nacional Dona Maria II de Lisbonne, l’équivalent portugais de la Comédie Française. Et dès l’été 2023, il prendra les rênes du Festival d’Avignon.
Fils d’une mère médecin et d’un père journaliste, Tiago Rodrigues s’est souvent demandé pourquoi il avait choisi de raconter le monde plutôt que de le sauver en agissant de manière plus concrète. À Genève, il rencontre le directeur de la Croix-Rouge internationale et ses équipes. En découlent l’envie de regarder le monde par les yeux de ces personnes engagées dans l’humanitaire et la nécessité d’écrire un spectacle par le prisme de l’intime.
Qu’est-ce qui pousse un être humain à choisir de risquer sa vie pour aider les autres ? Comment appréhender la question de l’appartenance et du « chez soi » ? Quand devient-elle problématique face au chaos du monde ? Comment cette double vie entre les zones de crises et de conflits et le retour chez soi dans un pays en paix modifie-t-elle le regard sur le monde et sur sa vie personnelle ? Tiago Rodrigues va composer plusieurs récits à partir des témoignages de voyages effectués sur le terrain pour la Croix-Rouge.
Souvent conçus avec peu de décors, ses spectacles reposent essentiellement sur l’interprétation des comédiens et libèrent une profonde humanité. Leur conception collective et leur approche ludique des codes de jeu théâtraux en font ses marques de fabrique. Son approche nouvelle de la dramaturgie taille aussi ses récits à même la personnalité des interprètes. Cette création adossée au réel marque une nouvelle et passionnante étape dans sa démarche.
« Dans la mesure de l’impossible parle avant tout de récits, des récits que ces humanitaires nous ont racontés, ici, sur des expériences qu’ils ont vues et vécues là-bas (…) Nous n’allons donc pas jouer ou illustrer des événements qui se sont déroulés là-bas, non, nous allons raconter des événements que quelqu’un nous a racontés, et qui se sont déroulés là-bas. » Tiago Rodrigues
A savoir
La Coursive : 4 rue Saint-Jean du Pérot – La Rochelle.
Information, réservations : La Coursive – 05 46 51 54 02/03/04 – accueil@la-coursive.com.
Vente de places en ligne sur le site www.la-coursive.com
Légende photo. António Zambujo. Photo©LOTE B. KENTON-THATCHER