Un livre facile à lire, écoconçu et abordable, c’est la mission que s’est donnée Sophie Petit avec Comme un cargo dans l’eau. Elle y raconte son voyage sur un porte-conteneur, de Marseille à Dubaï. L’autrice et éditrice sera présente au FIFAV (Festival International du Film et du Livre d’Aventure) ce mercredi 19 novembre pour une rencontre et une séance de dédicace.

Sophie Petit, autrice de Comme un cargo dans l’eau.
© Photo La Rochelle Info – Juliette Papet

C’est en 2018 que Sophie Petit choisit de partir pour l’Inde, mais elle n’arrive pas à prendre son billet d’avion. « Quelque chose me retenait et, en même temps, j’avais envie de partir différemment« . Alors, quand, pendant un repas entre amis, on lui a dit qu’elle pouvait aussi « prendre le temps du voyage« , elle a eu une révélation.

Six ans de travail

« J’ai voulu me laisser transporter« , se souvient Sophie Petit. Partie dans un but de « recolorer sa vie« , elle choisit le bateau. Mais pas n’importe lequel. Un cargo porte-conteneur. Une traversée de plusieurs semaines sur un navire qui représente pour elle « la société de consommation« .

Un voyage « assez fascinant » auquel elle ne s’attendait pas et qui a fait naître en elle un besoin nouveau. Celui d’écrire. « Je n’étais pas partie pour ça mais en rentrant, j’étais tellement heureuse que j’avais envie de raconter ce que j’avais vécu à bord« , raconte Sophie Petit.

L’aboutissement de ce projet lui a pris six ans au total, « je vous rassure, avec des pauses« , plaisante-t-elle. Dans son œuvre, on suit une narratrice qui découvre, entre autres, la vie des marins, leur quotidien, l’émerveillement d’être en mer, les mammifères marins. Dans un ensemble de passages plus ou moins long, une forme de « va-et-vient permanent« .

Cette forme était une volonté de l’autrice, qui voulait quelque chose de facile à lire, « car la lecture perd un peu ses droits vis-à-vis de l’audiovisuel« .

Elle souhaitait qu’on puisse rentrer dans l’histoire petit à petit.

D’autrice à éditrice

Mais, une fois la partie écriture terminée, la question de l’édition s’est posée. « Je me suis demandée comment l’éditer, comment produire mieux et différemment avec des valeurs d’écoconception et de conscience écologique« . Elle s’est donc tournée vers deux « incubateurs« , l’ALCA (Agence Livre Cinéma et Audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine), à Bordeaux, et un à Paris pour se former et réfléchir au projet.

Elle a ensuite cherché des imprimeurs et artisans locaux, toujours dans cette démarche de produire un livre écoconçu, en local et avec de l’artisanat. Mais, elle voulait aussi « qu’il reste accessible en termes de format et de prix« .

Rien ne se perd

C’est là que commence une nouvelle aventure, cette fois-ci collective. La couverture a été confectionnée par Émeline Vivier, fondatrice de l’atelier SerreJoint à Périgny. Les pages intérieures ont aussi été réalisées par une entreprise basée à Périgny, IRIS, qui travaille avec des personnes en situation de handicap. Cela fait partie des valeurs qu’elle souhaitait véhiculer dans son livre. « Prouver que tout le monde peut réussir« .

Assemblés un par un, les livres ont été imprimés d’abord en 500 exemplaires, en décembre 2024, puis un second tirage a été effectué, en août dernier, à 800 exemplaires.

Pour éviter d’avoir de la « gâche », c’est-à-dire des chutes de papier à jeter, d’autres éléments ont été réalisés. Des cartes, des affichettes, mais aussi des marques pages et des petits carnets. De la même couleur et avec la même texture que la couverture, ils permettent aussi de garder une identité visuelle qui rappelle le livre.

Tous ces éléments ont été réalisés grâce aux chutes du papier utilisé pour la couverture du livre.
Photo La Rochelle Info – Juliette Papet

La couleur, d’un bleu, uni, n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard. « Je voulais quelque chose de différent de ce que l’on voit traditionnellement en librairie, un papier texturé et du bleu profond qui invite à plonger« . Elle explique : « Je trouve que ça suffit, c’est minimaliste mais ça fait la part belle à l’artisanat« .

Des projets à venir

Toutes les librairies indépendantes de La Rochelle, l’Ile de Ré et Rochefort proposent aujourd’hui Comme un cargo dans l’eau. Et l’autrice compte bien continuer de promouvoir son premier ouvrage. « J’ai pour idée d’aller voir les bibliothèques et les médiathèques pour leur proposer« . « On est dans le même bateau avec les librairies alors c’est normal de s’entraider« , poursuit-elle.

Une rencontre au FIFAV

Elle sera présente au FIFAV ce mercredi 19 novembre, dès 10 h pour une rencontre animée par François-Xavier de Crecy, suivie d’une dédicace. Puis elle y sera en dédicace à 11 h et 17 h jeudi et vendredi et 11 h et 16 h samedi et dimanche.

Deux autres rencontres suivront le festival. Une à la librairie Les Plages de Rivedou, le samedi 29 novembre dès 16 h 30, et une seconde à la librairie Pierre Loti de Rochefort, le jeudi 11 décembre à partir de 18 h.

Elle avoue aussi avoir « d’autres envies d’écrire dans un coin de sa tête « . Mais pour l’instant elle préfère continuer l’aventure collective. Elle aimerait, à partir de début 2026, mettre en place un projet artistique. L’idée est de leur faire lire le livre, et qu’ils créent une œuvre à partir de leur lecture. Avec une contrainte de bleu comme celui de la couverture, les artistes seront libres de leur interprétation. « Ce n’est pas juste un acte d’écriture, c’est un acte de création et de résistance créative face à l’édition traditionnelle« .