Dans une lettre ouverte adressée à Roselyne Bachelot, ministre de la culture, les Arts de la rue, dont ceux de La Rochelle, tirent le signal d’alarme après deux étés « catastrophiques ».
« Madame la Ministre,
Le 21 juillet dernier, la Fédération Nationale des Arts de la Rue, tenait son assemblée générale à l’Abattoir, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public de Chalon-sur-Saône. Celle-ci s’est tenue en présence de l’ensemble des acteur.trice.s du secteur (compagnies, organisateurs, collectivités territoriales, association des CNAREP). Devant la profession inquiète, les interventions de chacun.e.s ont fait état des difficultés à re prendre les activités artistiques dans l’espace public, malgré les efforts conjugués.
Le 23 juillet dernier, les Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public réunis à Chalon-sur-Saône, appelaient à un dialogue urgent et constructif avec l’ensemble des acteur.trice.s de l’espace public et les autorités pour retrouver un espace public libre.
Le 18 août à Aurillac, la profession a marqué sa présence dans les rues de cette ville, berceau de la liberté d’expression artistique dans l’espace public, accompagnée par un public local et national solidaire. Aujourd’hui, malgré une mobilisation sans relâche, le constat reste identique.
La saison d’été 2021, comme la précédente, fut catastrophique pour tout un secteur qui se trouve atteint dans son fondement même à travers ses valeurs, ses actes artistiques et son rapport au public, ainsi que dans son économie.
Alors qu’une très lente reprise de l’activité culturelle s’opère dans tous les lieux dédiés, la création dans l’espace public se trouve être dénaturée dans ses intentions et encadrée dans sa forme. L’accès à l’espace public profondément impacté depuis 2015 jusqu’à aujourd’hui même, modifie nos façons d’être, de vivre, de créer et de nous réunir.
Dans un secteur extrêmement mis à mal, des moyens ont été mis en œuvre pour préserver les compagnies, les créations et la diffusion des œuvres au plus grand nombre. Mais ce sursaut solidaire n’a pas de sens si paradoxalement, on assiste à une altération notable de nos libertés fondamentales dans un espace public où prédominent les notions de sûreté.
Les résultats de votre enquête sur la baisse de fréquentation des lieux culturels sont alarmants. Si même les rues et les places sont vidées de la force des imaginaires partagés qu’offrent les saisons et les festivals des arts de la rue, c’est un appauvrissement social et culturel qui s’annonce, bien au-delà de nos métiers et de notre secteur.
Madame la Ministre, il nous semble urgent de demander solennellement si ces arts que nous appelons en conscience, « populaires », restent un enjeu de démocratie culturelle dans une politique nationale ?
Aujourd’hui, les Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public et la Fédération Nationale des Arts de la Rue affirment se reconnaitre totalement dans les considérants et demandes formulé.e.s dans la lettre ouverte qui vous a été adressée par les élu.e.s de tous les territoires.
C’est en cohérence avec cette initiative, en cohésion avec les artistes et tous les acteur.trice.s des arts de la rue, que nous sollicitons un engagement politique fort et pérenne du Ministère de la Culture en faveur de ce secteur, un dialogue constant et prospectif au plus haut niveau de l’État afin de retrouver la liberté d’expression, de création et de diffusion dans un espace public ouvert, commun et libre.
Aussi, en tant que représentant.e.s des professionnel.le.s du secteur, nous sommes prêt.e.s à vous rencontrer pour co-construire une politique publique de la culture qui s’adresse à tous et toutes dans l’espace public. »
C’est signé ce 15 novembre 2021 : Association des Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public
coordination@cnarep.fr et La Fédération Nationale des Arts de la Rue clementine@federationartsdelarue.org
: Roselyne Bachelot lors de son passage aux Francofolies de La Rochelle en juillet 2021.