La 44ème session du Comité du patrimoine mondial et ses 21 Etats membres viennent de se prononcer en faveur de l’inscription du phare de Cordouan sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. 

La 44ème session du Comité du patrimoine mondial et ses 21 Etats membres viennent de se prononcer en faveur de l’inscription du phare de Cordouan sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette liste désigne des biens présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité.

Le phare de Cordouan est inscrit au titre de “bien culturel”. Unique et universel, il est le gardien du plus grand estuaire d’Europe. Il est à la fois un monument à l’architecture remarquable et un symbole de l’essor de la construction des phares. Sa Valeur Universelle Exceptionnelle est désormais reconnue dans le monde entier.

Un plan de gestion mis en œuvre

Cette inscription résulte d’une démarche collective lancée en 2016. L’Etat et le SMIDDEST (Syndicat Mixte pour le Développement Durable de l’Estuaire de la Gironde N.D.L.R) ont porté la candidature en partenariat avec les collectivités territoriales. L’adhésion de la population à ce projet de candidature a été aussi déterminante : plus de 13 000 personnes ont rejoint le comité de soutien en ligne.

Les étapes. Infographie Département de la Charente-Maritime.

Un plan de gestion a été mis en œuvre pour gérer durablement le monument, à moyen et long terme, afin de le préserver, mais aussi de transmettre aux futures générations les valeurs associées à ce précieux héritage.

Le phare de Cordouan est inscrit sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Photo Dominique Abit.

Pour être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit justifier d’une « Valeur Universelle Exceptionnelle ». Il s’agit de démontrer que le bien a une importance culturelle exceptionnelle qui transcende les frontières nationales et qu’il présente un caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité.
Le phare de Cordouan est unique, singulier. À quelques kilomètres en mer, au milieu de l’estuaire de la Gironde, il se dresse majestueusement sur son plateau rocheux. Aujourd’hui encore, son élégante silhouette continue de veiller sur les marins, nuit après nuit, tempête après tempête. Il incarne les grandes phases de l’histoire des phares, de l’Antiquité à l’époque moderne, en passant par la Renaissance.

Digne des anciennes Merveilles du monde

Cordouan est un véritable chef-d’œuvre d’architecture construit en pleine mer. Il a été pensé à la fois comme un ouvrage de signalisation maritime et comme un monument digne des anciennes Merveilles du monde. Cette prouesse technique témoigne de l’ingéniosité des hommes à ériger un édifice de la plus haute ambition artistique au sein d’un environnement maritime inhospitalier.

Cordouan est le phare de toutes les époques. Il est le seul phare à être construit avec l’ambition affichée de prendre la place du phare d’Alexandrie, le plus emblématique de l’histoire, qui servait de guide aux marins autant qu’il symbolisait la ville et la dynastie qui l’avait érigé.
Le phare de Cordouan témoigne également du renouveau de l’éclairage des côtes et répond à la fois au développement du commerce maritime et au souhait de marquer symboliquement les frontières. L’« aura » monumentale du phare est telle qu’il devient rapidement un laboratoire privilégié des ingénieurs français. Augustin Fresnel y teste notamment pour la première fois sa lentille à échelons utilisée aujourd’hui par la plupart des phares du monde.

Le phare de Cordouan, la nuit. Photo Quentin Salinier.

Depuis son premier allumage en 1611, le phare n’a cessé de briller. Sa signature lumineuse guide les marins encore aujourd’hui. Des générations de gardiens, électrotechniciens, chaudronniers, peintres ou encore menuisiers se sont relayées pour l’entretenir, le faire vivre et maintenir sa grandeur et son éclat.

Quatre gardiens se relaient en continu

Les agents de la Subdivision des Phares et Balises du Verdon-sur-Mer interviennent ainsi régulièrement pour assurer le bon fonctionnement de la lanterne, l’entretien et la maintenance des équipements. À leurs côtés, quatre gardiens se relaient, en continu, pour surveiller et assurer l’entretien quotidien du bâtiment, accueillir les visiteurs et participer à la gestion environnementale du plateau rocheux. Ils contribuent ainsi à la valorisation du monument.

S’il a gardé sa splendeur malgré les conditions climatiques extrêmes, c’est parce que le phare a été restauré régulièrement. De grands travaux jalonnent son histoire. Une campagne de grande ampleur, toujours en cours, témoigne ainsi de la volonté de tous de conserver au mieux ce prestigieux monument et de perpétuer les valeurs architecturales, techniques, humaines et emblématiques qu’il incarne.
Chaque hiver, une fois le phare fermé au public, les compagnons et artisans prennent leurs quartiers et partagent le quotidien des gardiens. Le ravitaillement du chantier s’organise par transport maritime ou par hélicoptère. Il faut donc calculer au plus juste les quantités de pierre, de chaux et les besoins en outillage.

1000 élèves tous les ans sur le site

Parce qu’il est essentiel de faire connaître le phare au plus grand nombre, de nombreuses actions sont menées chaque année sur site et aussi à terre en partenariat avec des structures partenaires (collectivités, associations, médiathèques…) : webinaire, expositions, projections, conférences, ateliers, stands tenus sur des événements… Autant de façons de faire connaître Cordouan auprès du grand public. Une attention particulière est d’ailleurs portée aux scolaires. Ce sont environ 1000 élèves qui sont accueillis chaque année sur site. Des outils pédagogiques adaptés (livrets, maquette) permettent aux enseignants d’accompagner leurs élèves dans la découverte du phare, avant ou après la visite. Certains établissements scolaires ont même fait de Cordouan leur projet annuel et s’inscrivent dans une démarche plus globale d’éducation à l’environnement, comme les écoles du Verdon-sur-mer et de Saint-Georges-de-Didonne, labellisées «Aires Marines Éducatives».

Un enjeu de préservation

En effet, le phare s’inscrit dans un environnement naturel exceptionnel et abrite de nombreuses espèces animales et végétales. La question de la préservation de la biodiversité est donc essentielle. Des campagnes d’inventaire menées par le CPIE Marennes-Oléron depuis une quinzaine d’années ont permis de recenser pas moins de 324 espèces : 250 espèces animales (mollusques, crustacés, éponges…) et 74 espèces végétales (algues…). Il y a donc un véritable enjeu de préservation de cet habitat naturel unique. Au phare, les gardiens ont adapté leurs habitudes en essayant d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement (utilisation de produits écoresponsables…) et la conduite est la même pour les visiteurs, qui sont invités à ramener leurs déchets à terre ou mieux, à ne pas en produire.

Légende photo : Le phare de Cordouan. Photo Dominique Abit