Le retour d’un péage pour accéder à l’île d’Oléron dans l’avenir ? Possible. Les élus de l’île le souhaitent et veulent un débat.
Les élus des trois îles de l’Atlantique reliées au continent par un pont – Ré, Noirmoutier et Oléron – se sont récemment réunis à Saint-Pierre d’Oléron pour poser les premiers jalons « d’une coopération appelée à durer ». Lors de cette rencontre, les élus des trois intercommunalité de Noirmoutier en Vendée et d’Oléron et de l’île de Ré ont notamment rappelé « la fragilité particulière des îles reliées au continent par un pont et de la nécessité de disposer de ressources financières spécifiques pour mieux compenser les impacts de la sur-fréquentation dont elles font l’objet. »
Selon les élus, « la forte attractivité que connaissent les îles, renforcée par la présence d’un pont, expose ces territoires singuliers à de nombreux défis : concilier des activités humaines dynamiques et un milieu naturel riche et fragile. La recherche des meilleures solutions pour atteindre un juste équilibre entre tourisme, vie à l’année et préservation de leurs espaces naturels exceptionnels constitue leur première priorité. Un défi que les effets du changement climatique rendent encore plus urgent. »
Le retour du péage évoqué
Pour faire face à ses dépenses nouvelles engendrées « par la prégnance de ces sujets, hors de portée des seuls contribuables insulaires, c’est vers le principe de l’ « éco-participation » aux îles (Droit départemental de passage sur les ponts) » qu’ont convergé les discussions.
Les préoccupations oléronaises
Aujourd’hui, par exemple, l’île d’Oléron a en une préoccupation supplémentaire : « Le financement des travaux de rénovation de l’accès central au territoire. L’état de vétusté du pont présage de dépenses à venir pour le Département qui devra mobiliser des sommes considérables dans un contexte budgétaire très contraint. Le droit de passage collecté par la Charente-Maritime pourrait s’avérer une solution pour répondre à l’urgence de travaux chiffrés entre 50 et 60 millions d’euros. »
La lutte contre l’érosion littorale, sujet commun au trois îles, « pourrait également trouver une solution avec l’instauration de l’éco-participation », disent-ils.
L’exemple de l’île de Ré
Le droit départemental de passage, dont le montant est fixé par la Charente-Maritime représente une recette de 15 millions d’euros par an, utilisée pour l’entretien et la gestion du pont à hauteur de 7 millions. Les 8 millions restants sont réparties à 55% pour la communauté de communes et 45% pour le service espace naturel du Département.
L’île de Ré est soumise au droit de passage sur le pont qui le relie au continent depuis 1988. Son tarif unique fixé par le département de Charente-Maritime lui était initialement entièrement dévolu au titre du remboursement des sommes investies pour la construction de l’ouvrage.
À partir de 2009, le montant a été déplafonné, le législateur a voulu taxer les véhicules et non plus les personnes pour ne pas exclure par l’argent. La communauté de communes de l’île de Ré a également entamé des démarches pour qu’une partie des recettes lui revienne afin de financer la protection de l’environnement. Cette demande a pu aboutir en 2012 au titre de la protection environnementale. Car si avant 1988, l’île était exclusivement reliée au continent par voie maritime, la construction du pont a généré progressivement un afflux de véhicules et de visiteurs dont l’impact sur l’environnement n’était plus à démontrer.
La problématique de Noirmoutier
L’île de Noirmoutier, par la voix de ses représentants a indiqué qu’elle avait « la volonté de devenir un territoire neutre en carbone en 2040. Le besoin financier est colossal pour des territoires insulaires particulièrement impactés par le changement climatique. Nous devons être des territoires démonstrateurs de notre adaptation à ce phénomène or cette adaptation ne peut reposer sur les épaules d’une population de seulement 10 000 habitants. »
Un appel
Un appel a été lancé le jour de la réunion vers les parlementaires pour les sensibiliser à une évolution souhaitable de la législation encadrant les dépenses finançables par le droit départemental de passage.
Concernant Noirmoutier et Oléron, il est attendu des départements qu’un nouveau débat soit engagé.