Ancienne salariée de l’agroalimentaire, Floriane Chauvière a fait de la lutte contre le gaspillage sa mission quotidienne. Près de La Rochelle, elle conçoit des jeux de sensibilisation ludiques et faits main adoptés par de nombreuses collectivités. Une initiative née d’un déclic personnel et d’une volonté de transmettre à la génération d’après.
J’étais horrifiée de voir à quel point le gaspillage alimentaire était banalisé« . C’est le souvenir que garde Floriane Chauvière de son travail dans l’agroalimentaire. Là où des quantités astronomiques d’aliments, notamment les fruits et légumes, sont jetés chaque jour.
Alors elle a choisi de s’engager, à son niveau, pour lutter contre le gaspillage. « C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur« .
Elle l’a fait en partie pour elle, mais avant tout pour son fils. « Devenir maman, ça fait prendre conscience d’une certaine responsabilité. On se demande dans quel monde va grandir notre enfant« .
Floriane Chauvière voulait montrer à son fils que « même en tant que lambda, on peut faire des choses pour que ça change« .
Pour les collectivités
Partie de zéro, elle raconte qu’elle a « mis du temps à apprendre les codes » du monde de l’entrepreneuriat, avant de se lancer dans son entreprise Pas de gâchis entre nous.
Et pour que ça marche, il a fallu s’adapter à une cible précise : les collectivités. Dans les communautés de communes et agglomérations, il y a des responsables de la gestion des déchets, chargés de prévention autour du gaspillage et des habitudes de consommation.
Mais Floriane Chauvière trouvait leurs outils « descendants« . Elle considère que « les expos et les conférences, ça endort tout le monde« . Selon elle, « les gens ont besoin de toucher, de tester pour mieux intégrer les choses« . C’est donc tout naturellement qu’elle s’est tournée vers le format du jeu de société pour sensibiliser à la lutte contre le gaspillage, non seulement alimentaire, mais aussi textile. « C’est plus ludique et ça ne fait pas donneur de leçons« .
Mouvement, travail et réflexion
Après avoir étudié le marché, elle a décidé d’adapter son concept à l’escape game et au loup-garou. « Ce sont des formats de jeux qui marchent très bien, et qu’on peut décliner en plusieurs thématiques« .
Cela lui a également permis d’instaurer une dynamique de mouvement et de travail de réflexion chez les joueurs. Elle explique d’ailleurs qu’elle souhaitait « amener des solutions pratiques et dans le mouvement pour des actions concrètes« . Finalement, elle résume son objectif en : « Du concret par le jeu« .
Des jeux créés entièrement à la main
Ses jeux, elle les a créés de toute pièce. De l’intrigue aux visuels, en passant par le démarchage et la commercialisation.
C’est également Floriane Chauvière qui fait elle-même les différentes cartes et éléments du jeu. Un travail minutieux qui lui prend beaucoup de temps. « Je n’arrête pas beaucoup depuis le début de l’année, mais j’adore ! Ça prend du temps mais c’est chouette« , se réjouit-elle.
Les morceaux de tissu utilisés pour une énigme sont par exemple des bouts de cravates, de vieux tee-shirts. Et elle fait aussi faire quelques pièces à l’entreprise La Matière, située à Périgny, comme une carte en bois recyclé, avec des trous qui permettent de lire des phrases précises sur une page.
L’Ademe dans la boucle
Pour apporter des notions précises et que le jeu ait aussi une visée d’apprentissage, elle se base sur des chiffres et des données de l’Ademe, l’agence de la transition écologique, qui donne des informations sourcées et vérifiées.
Dans ses jeux sur la mode, elle explique le cycle de vie d’un produit, de sa confection à la fin de sa vie, en passant par le transport, le lavage, l’origine des matières utilisées et leur impact sur l’environnement.
Des kits disponibles partout en France
Face au succès de Garou Gaspi, Garou Fashion, Mission Slow Fashion et Mission Zero Gaspi, Floriane Chauvière voulait « aller plus loin« . Alors, en septembre dernier, elle les a déclinés en kit, pour qu’ils puissent être livrés dans toute la France. Des kits qu’elle fabrique elle-même, et qui sont très pratiques pour elle, qui n’a plus systématiquement besoin de se déplacer pour faire l’animation des ateliers. Ils sont livrés avec des instructions de mise en place, des règles, et un guide détaillé des étapes à suivre. « Il faut que ce soit rapidement mis en place et rangé. Pas trop lourd non plus pour que ce soit facile à déplacer« .
En seulement deux mois de vente, Floriane Chauvière a déjà « dépassé les objectifs« . « Il y a eu des commandes de toute la France« , se réjouit-elle. Béziers, Paris, le Var, mais aussi l’Ardèche et le Cotentin.
Prochainement, Floriane prévoit de développer de nouveaux jeux pour d’autres publics, y compris les plus jeunes, afin de continuer à sensibiliser au gaspillage et à l’environnement.
