L’artiste Louis Guillaume expose ses œuvres depuis le 11 juillet à La Chapelle des dames Blanches de La Rochelle.

L’exposition Et que le temps est devenu sourd rassemble des œuvres issues de plusieurs années de recherches autour des cycles du vivant, des matières en transformation et des récits écologiques silencieux.


Louis Guillaume arpente forêts, friches et rivages comme un cueilleur contemporain. À travers ses récoltes minutieuses, il développe une œuvre sensible qui interroge notre rapport au vivant, au temps, et à la lenteur comme résistance à l’accélération du monde.

Un langage plastique

Très tôt attiré par l’observation des plantes et la collecte d’objets naturels, l’artiste construit un langage plastique fait d’attente,
de gestes patients et d’assemblages discrets. Ses œuvres, éphémères ou installées, prolongent le rythme du paysage et
invitent à la décélération.

Les matériaux qu’il utilise ne viennent pas d’un monde lointain ou ancien, mais du présent, un présent fragile, en mutation, qu’il s’agit d’écouter. L’exposition Et que le temps est devenu sourd propose ainsi un parcours à travers des présences végétales, des fragments récoltés et des gestes porteurs d’attention, comme autant de tentatives de réaccorder notre perception au souffle du monde.

Ce que dit l’artiste

Il déclare : “ Mon geste de production démarre toujours par des balades, pérégrinations dans des lieux urbains ou naturels. Je porte sur l’environnement un regard qui me laisse réceptif à toutes ses suggestions ; d’une pratique instinctive, rien n’est figé, tout peut se révéler, toute forme est en mouvement, visant constamment à redéfinir ce qui nous entoure.
Mon environnement s’apparente à un vaste jardin où sont cartographiés différents lieux de récolte. J’adopte un comportement identique à celui du chasseur cueilleur en quête permanente, voire obsessionnelle, de ce qui me servira de matériaux. J’établis ensuite une carte mentale des zones d’approvisionnement pour chaque saison. Cette unique contrainte, d’une temporalité étirée où il faut parfois attendre une nouvelle année avant de remettre la main sur un matériau, m’apprend à vivre au rythme du vivant, dans l’attente et l’espérance d’une belle récolte. Chaque nouvelle année marque également l’opportunité d’expérimenter de nouvelles méthodes innovantes quant à la récolte : faisant appel au travail collectif et à différents corps de métier.
Les matières une fois récoltées peuvent hiberner plusieurs années avant de faire germer une idée. La sélection de la matière se fait pour ses capacités plastiques, puis celle-ci m’amène vers une observation plus globale dans un questionnement à l’échelle du
paysage, de l’environnement, ce qui favorise la rencontre de spécialistes.
Il n’est alors plus seulement question de botanique, mais aussi d’écologie et du lien de l’homme avec son environnement. Mes constructions sont de l’ordre du bricolage et du système D avec lesquels j’expérimente des techniques de matelotage. Elles sont un
assemblage organique où chaque élément a sa fonction et participe à l’équilibre global : toujours dans un traitement respectueux et valorisant de la matière qui est mélangée le moins possible. La notion de cycle est omniprésente : de la balade à la récolte, mais aussi du transport jusqu’à la mise en place. Toutes ces étapes font de mes réalisations des propositions éphémères, livrées au temps et aux cycles de transformations qu’il engendre en définissant toutes interventions ou formes de vie comme des états transitoires.”

A savoir


Louis Guillaume, artiste. Photo Facebook personnel.