Depuis deux ans, Françoise Rivaud, 56 ans, s’est lancée à son compte dans la sonothérapie. Un voyage dans le rééquilibrage des énergies, mais surtout une confrontation avec le monde entrepreneurial qui lui, n’est pas sans stress.
Ils ont des problèmes de sommeil, de stress quotidien ou ils flirtent avec des burn out et ils décident de s’offrir une séance de sonothérapie. Cette discipline plutôt confidentielle consiste à utiliser les vibrations sonores grâce à un ensemble d’instruments afin d’atteindre la relaxation et le lâcher prise.
C’est depuis son atelier à Saint-Médard d’Aunis (Charente-Maritime), que Françoise manie ses bols tibétains, ses bâtons de pluie et autres petits carillons pour venir à bout du mal du siècle : le stress. Avec précision et attention, elle tourne autour du corps allongé pour créer différentes vibrations. “Le mental de la personne va suivre mon son et apprendre à se déconnecter”, décrit la professionnelle nouvellement installée.
Se former pour légitimer sa pratique
Dans son costume de thérapeute, Françoise est dans son élément. Pourtant ça n’a pas toujours été le cas car pendant 17 ans elle a travaillé dans le commerce et le management. Un univers dans lequel elle ne se sentait plus en phase avec elle-même. “Je me suis toujours intéressée aux énergies avec le feng shui car mon frère m’avait offert un livre il y a presque trente ans”, rapporte-t-elle. Après une première formation de feng shui en 2021, elle découvre la sonothérapie. Dans la foulée, elle suit une formation au Pays Basque avec Marie Milla. Le coup de foudre avec la discipline est immédiat, mais pourtant, Françoise peine à se lancer.
“La trouille que ça ne fonctionne pas”
Aujourd’hui, les femmes ne sont à l’origine que de 40% des créations d’entreprise (source : Les créations d’entreprise en 2018, Insee, 2019). Même si elles sont 70% à penser que l’entrepreneuriat est une opportunité, seulement 6% d’entre elles pensent réellement à se lancer. En cause, des freins qui jalonnent leur parcours : l’articulation vie de famille, vie professionnelle, le manque de confiance en elles et la question du financement (les femmes se voient refuser un prêt bancaire deux fois plus souvent que les hommes selon le Conseil économique social et environnemental).
“J’avais la trouille que ça ne fonctionne pas, j’avais une vraie peur financière”, assure Françoise Rivaud. Alors face à peu d’assurance initiale, elle réalise un bilan de compétences au sein de son ancienne entreprise qui l’oriente vers une formation de gestion de paie. Docilement elle se lance dedans, sans réelle conviction. Mais rapidement, elle convient qu’il est impossible de faire l’économie de ce qu’elle souhaite véritablement.
Aussi, en mai 2022 elle investit 1500€ dans l’achat de ses instruments et ouvre son auto-entreprise de sonothérapeute.
Un atout supplémentaire
Aujourd’hui elle ne regrette rien. Elle intervient chez elle mais donne aussi des cours à Rochefort, Marsilly et La Rochelle.
“Malgré ma trouille j’ai finalement découvert plein de choses”, précise-t-elle. Après deux ans d’assurance chômage, à compter du mois de juin elle n’aura plus de filet de sécurité et cela la ronge.
“J’ai appris à me débrouiller seule. Je me suis positionnée sur les réseaux sociaux et depuis 6 mois j’exploite Instagram et je me rends compte que la communication c’est un vrai métier”, assure celle qui a noué des partenariats avec des professeurs de yoga, consciente que la sonothérapie est un atout supplémentaire pour atteindre un lâcher prise optimal.
Dans le cadre d’un « mois de mars au féminin » centré sur la journée internationale pour les droits des femmes, La Rochelle info a posé quatre questions à plusieurs femmes, afin de recueillir leurs perspectives sur le sujet.
La Rochelle info : Qu’est-ce que vous évoque le sujet de la discrimination au travail ?
Françoise Rivaud : « On parle souvent de la discrimination envers les femmes mais elle peut affecter n’importe qui, dès qu’il y a une différence visible ou pas (tel que sexe, religion, ethnie, handicap, âge…) et elle peut prendre des formes subtiles ou explicites. »
« Cette discrimination peut être très douloureuse pour les personnes qui en sont victimes car elle peut se traduire par du rejet, du harcèlement, une mise à l’écart, un refus de promotion ou d’évolution, voir être dans des postes sous évalués par rapport à nos réelles compétences. »
LRI : De la même manière qu’est-ce que le harcèlement au travail vous évoque ?
FR : « Le harcèlement peut avoir lui aussi plusieurs formes. Il peut-être physique, sexuel mais aussi moral. On parle souvent des hommes qui harcèlent les femmes et je pense que c’est une majorité. Mais on oublie souvent les femmes qui harcèlent les femmes dans le domaine du travail. Elles profitent de leur supériorité hiérarchique pour harceler l’autre souvent sous le couvert de la bonne copine (je fais ça pour ton bien, pour t’aider) On parle souvent d’une domination masculine, mais les femmes ne sont pas toujours très tendres entre elles. »
LRI : Selon vous, qu’apporte la journée internationale des droits des femmes ?
FR : « C’est une journée qui met en avant nos droits et ça nous rappelle aussi tout le chemin parcouru. Quand je vois qu’il faut voter pour avoir le droit d’avorter, je trouve ça sidérant. Avec les hommes nous sommes complémentaires, nous devons nous nourrir des uns et des autres. On vient de loin et il reste du chemin à faire. C’est important de rappeler que les femmes ont les mêmes droits que les hommes mais chacun avec leur spécificité. Les femmes ne pensent pas de la même façon que les hommes et on s’en fout ! Ce qui est important c’est le résultat et pas le chemin parcouru. »
LRI : Quel conseil ou leçon avez-vous appris et qui est devenu une ligne de conduite aujourd’hui ?
FR : « Quand je travaillais comme salariée, je me suis oubliée dans mon travail et cela a dégradé ma relation au travail. Dans une société où la course à la productivité est reine, je reçois beaucoup de personnes qui s’essoufflent au travail. Le conseil que je donnerai c’est celui çi, ne pas s’oublier. »
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