En avril 2023 l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – ANSES – présentait un rapport indiquant que le métabolite Chlorothalonil R471811 était « retrouvé très fréquemment » dans les forages d’eau de France.
Le Chlorothalonil R471811 est un produit de dégradation (métabolite) du Chlorothalonil, un fongicide utilisé à partir de 1970 et interdit en 2020. Le Chlorothalonil R471811 fait partie des quelque 200 molécules émergentes jusqu’alors non identifiées qui ont fait l’objet d’une grande campagne nationale de mesures démarrée en 2019 par l’ANSES.

Des analyses l’été dernier

Un communiqué de presse de la communauté d’agglomération de La Rochelle indique que : « Dès que la technologie l’a permis, une série d’analyses de l’eau a été réalisée dans l’agglomération de La Rochelle en juillet et en août 2023 qui a malheureusement confirmé, comme ailleurs en France, la présence de Chlorothalonil R471811. »

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« Pour autant, l’eau du robinet est potable dans toute l’agglomération de La Rochelle« , assure la CDA. « Les concentrations en Chlorothalonil R471811 sont inférieures à 3 microgrammes par litre, seuil de potabilité fixé par l’ANSES. Elles sont comprises entre 0,1 et 1,9 microgrammes par litre, autour du seuil de qualité de 0,1 microgramme par litre. »

« Dans l’eau brute avant traitement, les concentrations varient : entre 0,11 et 0,35 microgramme par litre dans l’eau brute de Coulonge et du fleuve Charente ; entre 1,4 et 2,9 microgrammes par litre dans les captages de l’Aunis. L’eau est donc fortement dégradée dans ces derniers. »

Pas de restriction

En l’état actuel, l’ARS indique « qu’il n’y a pas de restriction de consommation d’eau du robinet compris les personnes fragiles. » Elle enjoint l’agglomération « à fournir une eau au robinet de qualité, c’est-à-dire aussi proche que possible du seuil de qualité de 0,1 microgrammes par litre. »

A ce jour, il n’existe pas de traitement disponible et applicable pour supprimer le Chlorothalonil R471811 de l’eau. De plus les concentrations en Chlorothalonil R471811 ont été mesurées en été. Avec les pluies d’automne d’hiver et le lessivage des sols, il est possible qu’elles augmentent, notamment dans les eaux brutes souterraines des captages, peu profondes et les plus touchées.

Dans ces conditions et à court terme, la communauté d’agglomération décide d’assurer la fourniture d’eau la plus qualitative possibe à tous les habitants. « Suivant un principe de précaution, et à titre préventif », elle choisit de mettre temporairement à l’arrêt tous ses captages d’Aunis et de distribuer aux habitants uniquement de l’eau provenant de Coulonge et Saint-Hippolyte Eau 17.
Cette décision concerne notamment les habitants de La Rochelle où environ 40% de l’eau du robinet est issue des captages et 60 % du fleuve Charente.

La mesure sera effective fin octobre, le temps de raccorder manuellement les réseaux et de s’assurer de leur bon fonctionnement.

Un suivi hivernal

Durant l’automne et l’hiver des analyses régulières vont être mandatées pour suivre l’évolution de la présence du Chlorothalonil R471811 dans l’eau, avec une surveillance particulière des captages de l’Aunis. Des laboratoires de recherche de Nouvelle Aquitaine vont être sollicités pour travailler plus spécifiquement sur la molécule.

Plus généralement, la Communauté d’agglomération « entend mettre en œuvre tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer la préservation de captages centenaires indispensables et emblématiques. »

Dans on communiqué de presse, elle indique qu’elle allait saisir le préfet de Charente Maritime pour trouver des solutions concrètes appropriées contre des pollutions récurrentes de l’eau, « alors même que depuis 2005 la Ville de La Rochelle, la Communauté d’agglomération, l’Agence de l’eau, les institutions et des professionnels mobilisent des moyens colossaux pour en préserver la qualité sanitaire. »