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Il faut sauver Fort Boyard

Le Département compte injecter 44 millions d’euros pour sauver Fort Boyard de la ruine. Une concertation et un appel aux mécènes vont être lancés.

Depuis plusieurs décennies, le fort Boyard subit les assauts des vagues et du temps, menaçant sa pérennité. En mars 2015, la façade Ouest du fort Boyard a accueilli une plateforme et une passerelle qui permettent d’accéder, dans des conditions de sécurité suffisantes, au cœur de l’ouvrage.

Si le fort était, à l’origine, protégé par un éperon sur sa façade Nord-Ouest et par des jetées latérales faisant office de havre d’accostage sur sa façade Sud-Est, il est depuis plusieurs années exposé à la mer. Ses ouvrages de protection ayant été détruits au fil du temps.

Fort Boyard. Photo Amandine Lecomte – abonnée LRI.

Cela se traduit aujourd’hui par une forte exposition du fort Boyard aux attaques de la houle et par des franchissements importants qui peuvent générer des dégâts à l’intérieur même du fort.

Une opération de protection

Face à ce constat et afin d’assurer la pérennité du fort, des solutions doivent être mises en place rapidement. C’est pourquoi, dès 2020-2021, le Département de la Charente-Maritime, en qualité de propriétaire du fort Boyard, a confié à Artelia une mission d’étude de faisabilité détaillée sur la protection du fort contre la houle et sur la mise en place d’une solution sécurisée d’accès à la plateforme située à proximité.
Faisant suite à la réalisation de cette étude, le Département a pris la décision de lancer l’opération de protection de fort Boyard contre la houle. Le Département a engagé, début mars 2022, des études techniques, écologiques et réglementaires dans le but
d’engager les travaux à partir de l’été 2025.

« Le fort étant situé dans un environnement sensible, le Département a la volonté que les travaux soient exemplaires du point de vue de la maîtrise technique et de la protection et de la préservation de l’environnement », a notamment expliqué la collectivité lors d’une conférence de presse. « Sans travaux d’envergure, le fort Boyard est destiné à la ruine. »

Une enveloppe de 44 millions d’euros est nécessaire pour sauver de la ruine Fort Boyard. Photo CD 17.

Les secrets du fort connus

« Les investigations menées régulièrement depuis plusieurs années permettent de disposer d’une connaissance fine de la
détérioration du fort Boyard »
, reprend le département. « Si les fissures ne sont pas considérées comme altérant nettement la pérennité de l’ouvrage, il n’en est pas de même de la disparition de l’éperon, du havre d’accostage et de la dislocation de la risberme. »
Les études, et notamment l’expertise menée par UBC Ingénierie, concluent à la ruine inéluctable du fort Boyard si des ouvrages destinés à assurer sa protection vis-à-vis des courants et de la houle ne sont pas construits.

Protection contre la houle

Pour faire suite à la réalisation de cette étude, le Département a pris la décision de lancer l’opération de protection contre la houle qui détruit le fort Boyard.
« Le projet consiste en la reconstruction, avec les technologies et les matériaux actuels, des ouvrages originels qui ont été détruits au fur et à mesure du temps », explique la collectivité. « La reconstruction de l’éperon vise à protéger le fort contre la houle et les courants marins, tout en garantissant l’absence de transmission d’efforts vers le fort. »

La reconstruction du havre d’accostage répond à un double objectif : « D’une part, protéger l’arrière du fort et de son assise de l’attaque de la houle. d’autre part permettre, si les conditions nautiques sont favorables, un accès au fort. »

La reprise de la risberme vise à protéger le fort contre les effets d’érosion et d’affouillement qu’induisent les courants et les houles. La protection de toute la périphérie du fort est essentielle pour empêcher la dégradation de son assise.
La remise en place de blocs de protection permet une première atténuation de l’énergie de la houle avant qu’elle n’atteigne les ouvrages de protection, puis le fort.

Le projet de reconstruction de ces ouvrages « au-delà d’assurer la protection et la pérennité du fort et sa transmission aux générations futures, est l’opportunité de restituer ce monument historique dans son intégrité originelle. »
Le projet de reconstruction des ouvrages de protection contre la houle du fort Boyard reproduira son aspect d’origine.

La présidente du département de la Charente-Maritime lors de la présentation du dossier. Photo CD 17

Des questions et des réponses

Comment seront construits les ouvrages de protection du fort Boyard ?
« Les ouvrages de protection seront construits selon le même aspect que les ouvrages historiques, mais avec des matériaux
modernes. Ainsi les ouvrages, éperon et havre d’accostage, seront préfabriqués en béton en un seul bloc chacun. Ce sont des ouvrages monolithiques. Les parois en béton recevront une finition matricée reprenant les reliefs des anciennes assises de pierre. Le béton recevra une finition teintée se rapprochant de la teinte granit de l’historique. Les ouvrages seront transférés à proximité du fort en flottaison puis positionnés par un système de câbles fixés sur des coffres. Une fois l’ouvrage mis en place à marée haute, il sera ballasté avec de l’eau de mer jusqu’à être posé. Un pompage complémentaire permettra de remplir les caissons de l’ouvrage et ainsi maintenir ce dernier posé lors de la marée montante.

Qui pour mener les travaux ?
« Afin de mener à bien ce projet, une équipe pluridisciplinaire a été montée par le groupement retenu. Une architecte du Patrimoine, Delphine Gramaglia, pilote le design architectural, le bureau d’études BRLi, met en œuvre les études techniques (hydraulique, modèle physique…) et de dimensionnement des éléments d’ouvrage. L’entreprise ETPO assure la coordination du groupement, les études d’exécution et la réalisation des travaux.« 

Pourquoi une concertation préalable ?
« La concertation préalable est ici réalisée en application des articles L. 121-15-1 et suivants du Code de l’environnement et des dispositions du Code Général des Collectivités Territoriales.
Elle est à l’initiative du Département de la Charente-Maritime et s’inscrit dans la démarche de consultation du public et de transparence autour du projet. »

Quel est l’objectif de cette concertation préalable ?
« Cette phase permet d’informer le public sur le projet de « sauvetage » du fort Boyard, expliquer à quoi il ressemblera après les travaux, recueillir les avis et répondre aux interrogations sur le projet. »

Quelles sont les modalités de la concertation ?
« La concertation aura lieu du 2 mai à 9h au 27 septembre 2024 à 17h. Ainsi, des temps de rencontres et d’échanges seront organisés. Une exposition à la Maison de la Charente-Maritime (85 boulevard de la République à La Rochelle) –sera proposée du 2 au 27 mai, du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h.
par ailleurs, une réunion publique aura lieu en septembre 2024 sur la Commune de Fouras.
Un dossier de concertation est mis à la disposition du public pendant toute la durée de la concertation : àla Maison de la Charente-Maritime (du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h) ; à la mairie de l’Ile d’Aix (du lundi au vendredi de 9h00 à 12h) ; à la mairie de Fouras (du lundi au vendredi de 8h15 à 12h et de 13h30 à 17h30) ; à la mairie du Saint-Georges-d’Oléron (du lundi au vendredi de 9h à 12h15 et de 13h30 à 17h15). »

En ligne sur les sites Internet suivants : charente-maritime.fr; sauvonslefortboyard.fr.

Que se passera-t-il après la concertation préalable ?
« En parallèle de cette concertation, les études techniques et les différents dossiers réglementaires seront élaborés (dossiers liés au Monument Historique et site classé, dossier d’autorisation environnementale, etc.). Le public sera de nouveau sollicité lors de l’enquête publique (décembre-janvier 2024-2025) dans le cadre de l’instruction des dossiers réglementaires. Le Département s’efforcera de communiquer régulièrement sur le projet.
Un appel au mécénat sera lancé à l’automne 2024. »

Fort Boyard. Photo Amandine Lecomte – abonnée LRI.

Le calendrier

Phase études : Concertation préalable de mai 2024 à septembre 2024 ; dépôt des études réglementaires en juin 2024 ; enquête publique : décembre-janvier 2024-2025 ; arrêté préfectoral d’autorisation en juin 2025 ; études de conception phase PRO de mai
2024 à juin 2025.
Phase travaux : phase de préparation : été 2025 ; réparation de la risberme : de l’été 2025 à l’été 2027 ; préfabrication du havre d’accostage : de septembre 2025 à avril 2026 et pose sur site : été 2026 ; préfabrication de l’éperon : de septembre 2026 à avril 2027 et pose sur site : été 2027 ; Fin des travaux : fin 2027 – début 2028.

Budget

Budget AMO (Assistance à maîtrise : d’ouvrage) : 150 000 € HT.
Budget étude technique et environnementale et mission de reconnaissance de l’état des lieux : 1 150 000 € HT.
Budget conception : 2 850 000 € HT.
Budget travaux : 31 950 000 € HT.
Le Département de Charente Maritime a voté une autorisation de programme de 44 millions d’euros TTC pour la réalisation de ce projet. Des démarches de demandes de subventions sont en cours auprès de l’Etat, la Région Nouvelle Aquitaine, l’Europe. Un appel à mécénat et donations sera également lancé à l’automne 2024.

Un peu d’histoire


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