Depuis plus de trente ans, Fort Boyard est aux petits soins. Les travaux de restauration et d’entretien sont nombreux. On fait le point dans cet article.
Voulu à l’origine par Louis XIV pour protéger l’arsenal de Rochefort des incursions anglaises Fort Boyard est positionné à mi-distance entre l’Ile d’Aix et l’Île d’Oléron. Il avait pour objectif de compenser la faible portée des canons de l’époque. Le projet sera finalement repris par Napoléon 1er et démarrera en 1803. Sa construction s’achèvera en 1857 après une interruption de plus de 30 ans entre 1809 et 1841, mais l’évolution des techniques d’artillerie l’a rendu obsolète dès sa mise en fonction.
Vendu par l’Etat à un particulier en 1962, il est utilisé en 1966 pour le tournage du film « Les Aventuriers » avec Alain Delon et Lino Ventura. En 1980, Philippe de Dieuleveult y tourne un épisode de la chasse au trésor.
Il y a 32 ans, Jacques Antoine avait l’idée originale de transformer le Fort Boyard en plateau de télévision. À la recherche d’un lieu propice au tournage de jeux télévisés, il se souvient de la silhouette du Fort dans le film « Les aventuriers » de Robert Enrico. Il rachète le Fort en 1988 et le revend au Département de la Charente-Maritime en 1989 pour le franc symbolique. La collectivité
prendra dès lors à sa charge les travaux de réhabilitation. Le Département est alors convaincu de l’opportunité pour bénéficier d’une notoriété grâce à la présence télévisuelle du Fort et donc des retombées médiatiques qui contribueront indéniablement à la promotion de la Charente-Maritime.
1989 les premiers travaux
En 1989, les premiers travaux sont engagés : nettoyage, consolidation, construction de la vigie, installation de la plate-forme d’accès off-shore et des groupes électrogènes. Durant l’hiver 1990, la passerelle reliant la plate-forme au Fort est arrachée lors d’une violente tempête. Elle le sera une deuxième fois lors de la tempête du 14 décembre 2011.
Ces premiers travaux permettent le tournage des premières émissions mais les conditions de travail sont précaires : la terrasse du Fort n’est pas étanche, il pleut sur les caméras et sur les concurrents à l’intérieur des cellules de jeux.
De 1996 à 1999, d’importants travaux sont entrepris, notamment la mise en œuvre d’une technique de consolidation de l’édifice dite « Technique du Fakir » ! Un échafaudage est construit à l’intérieur du Fort jusqu’au niveau de la terrasse. L’ensemble des pierres de celle-ci y est déposé puis remis en place après réalisation d’une étanchéité en asphalte.
Cette opération coûte à l’époque 23 millions de francs (environ 3,5M€). 2005, à la suite de la constatation de désordres une campagne de remplacement de pierre de taille et de jointoiement des parements est organisée à l’automne avec une logistique héliportée.
Coût de ces travaux 350 000€.
En 2010 et 2011, des groupes électrogènes de 100 KWA viennent remplacer les vieux groupes à bout de souffle.
Coût de ces travaux 350 000€.
2010 et 2012, la vigie métallique est remplacée par une structure identique en matériaux composites teintés dans la masse couleur « rouille ». Cette nouvelle technologie devrait assurer une longévité accrue à cette structure.
Conjointement, il est réalisé des travaux de confortement des voûtes en pierre de taille et des rejointoiements complémentaires. Coût de ces travaux 450 000€.
2013, la rénovation de l’ensemble des blocs sanitaires est réalisée.
Coût de ces travaux 90 000€.
2014 et 2015, restructuration de l’espace cuisine/restauration.
Coût de ces travaux 70 000€.
Plus de 2 millions d’euros pour une nouvelle plateforme
La plateforme offshore d’accès au Fort Boyard présentait un état très dégradé, il fallait envisager une réparation ou un remplacement. Au regard de son état un rapatriement à terre se serait avéré nécessaire, une réfection profonde de la structure et de la coque avant remise en place. Ce qui aurait engendré un coût au moins équivalent à un système neuf. Après recherche de système d’accès différent, il s’avère que le système de plateforme offshore est le seul qui réponde correctement aux conditions hydrodynamiques difficiles d’accès au site. Ce dispositif offre la possibilité, en cas d’abandon d’accès au Fort, d’être revendue
pour une autre exploitation.
Un appel d’offre pour la passation d’un marché de fourniture et mise en place d’une nouvelle plateforme et démantèlement de l’ancienne a donc été lancé courant 2014 et c’est l’entreprise hollandaise Ravestein qui a été retenue.
L’installation de la nouvelle plateforme est intervenue au printemps 2015.
Coût total de cette opération 2 050 000€.
2016 : une plateforme réhaussée
En 2016, les travaux ont consisté à réaliser une seconde ouverture dans l’enceinte avec un balcon d’accès. Ces travaux visaient à améliorer la sécurité d’accès au site en période de haute mer en remontant la passerelle permettant de pénétrer dans le bâtiment. Le chantier a été réalisé par les sociétés des Compagnons de Saint-Jacques et VTM (Vendéenne de Tôlerie et Mécanique) et s’est achevé en mai.
Coût de ces travaux 60 000 €.
Entre 2017 et 2019, des travaux de vérification, et de réparations sont réalisés tous les ans par les services techniques du Département.
Pour les années 2017, 2018 et 2019 les prestations suivantes ont été mises en œuvre :
● La vérification complète et la remise aux normes du système de protection contre la foudre.
● Les interventions ponctuelles de réparations sur les fixations de la coursive bois du premier étage.
● Le contrôle des installations électriques par thermographie.
● Le rejointoiement des pavés de la terrasse supérieure pour garantir l’étanchéité.
● Le remplacement et la consolidation de pièces métalliques oxydées liées à la structure de la coursive en bois à l’intérieur du Fort.
Coursive, proscenium et hélisurface
Travaux programmés pour 2021 et 2022 : restructuration de la coursive du 1er étage, du proscenium et de l’hélisurface.
Le projet consiste au remplacement des passerelles et ouvrages en bois présents en intérieur du Fort. En effet, ces derniers ont depuis plusieurs dizaines d’années, reçu les assauts des intempéries et notamment de la mer, dégradant lentement mais irrémédiablement le matériau. Un programme de rénovation est donc lancé pour remplacer toutes les parties bois afin d’assurer la sécurité des jeux et particulièrement des concurrents.
À l’été 2022, afin de ne pas perturber les tournages de l’émission, la coursive bois sera remplacée juste après les enregistrements.
Montant de l’opération : 822 754 € TTC
Hélisurface : 199 272 € TTC
Coursive et proscenium : 623 482 € TTC
Planning prévisionnel :
● Hélisurface
2 semaines en septembre 2021
● Coursive et proscenium :
D’août à novembre 2022
Bientôt un raccordement électrique
Lors de la Commission permanente de février 2021, l’Assemblée départementale a décidé de procéder au raccordement électrique du Fort Boyard par un câble sous-marin. Cette opération permettra également l’illumination du Fort. Elle réduira l’utilisation de groupes électrogènes et les consommations de fioul qu’elle entraîne. Une pré-étude va être réalisée par ENEDIS.
Le site du Fort Boyard, initialement conçu avec un brise-lames en éperon pour le protéger de la houle, n’est aujourd’hui plus protégé par ce dispositif qui a été progressivement détruit par l’attaque répétée des vagues au fil du temps. La pérennité du bâtiment est remise en cause sans intervention importante pour protéger le Fort des agressions maritimes. Une étude de faisabilité et l’établissement de scénarii sont en cours. À l’issue de cette étude, les dossiers réglementaires seront menés pour l’obtention des autorisations administratives, courant 2023.
Les travaux de confortement (reconstruction de l’éperon de protection, rétablissement du port historique…) pourraient alors débuter fin 2023 et s’étendraient jusqu’en 2025.
Avant le démarrage des travaux de reconstruction, des travaux de maintien de l’ouvrage seront entrepris annuellement.
Photo Département du Département de la Charente-Maritime